Description

Ce livret d’instantanés sur Paris a été composé et monté au gré des flâneries, tel un court-métrage en gardant à l’esprit et au cœur la focale lucide du cinéaste russe, Andreï Tarkovski, dans son livre Le Temps scellé : « Le lecteur d’un poème haïkaï [ancienne dénomination du haïku] doit s’ouvrir à lui comme à la nature, s’y plonger, se perdre dans ses profondeurs comme dans le cosmos, où il n’existe ni haut ni bas. » La poésie de la Ville, c’est l’échappée belle, c’est la musarderie sens dessus dessous, résurgence d’un vieil instinct migratoire. À l’image de la poésie du haïku, la Ville se révèle moins vaste que profonde (épaisseur mythique, sédimentation de la mémoire) et ainsi devient-elle Cité habitable : l’Urbs se fait Civitas et la poésie s’improvise boussole, plus sûre qu’un passe Navigo. La capsule temporelle du haïku prolonge ces minutes d’affût comme en offrent les voix des Cris de Paris où chantent – en suspension – des figures de songe aussi allusives que des alouettes urbaines et des martinets aiguillonnant nos signes humains. Et si un oiseau vient à se poser, un instant, sur la tête sonore du lecteur, c’est de bon augure : poésique à plaisir !

Allez, lecteur flâneur des trois rives du haïku, « Un peu de courage. Encore quatre syllabes, encore trois. » (Fargue). Encore un pas, et deux, et trois…

Roland Halbert